L'orgue

L'orgue de Niderviller

Recherchez l’ancêtre !


Comme l’indique la date inscrite sur son buffet, l’actuel orgue de l’église paroissiale remonte à 1878. Mais ce n’était pas le premier. Dans les comptes des années 1856/57, le trésorier du Conseil de Fabrique note une dépense de 300 francs pour "réparation aux orgues". C’est donc qu’il existait un orgue antérieur à celui que nous admirons aujourd’hui, et qui vient d’être restauré.

De fait, nous pouvons lire, en 1878, dans le cahier des délibérations de la paroisse, sous la plume de l’abbé François Wagner, la remarque suivante: "L’opinion attribue le don du vieux jeu d’orgue (qui était donc bien là !) à M. le Baron Jean-Louis de Beyerlé, seigneur de Niderviller. Et M. Betting, curé, (son avant-dernier prédécesseur) m’a affirmé qu’on dit l’instrument l’oeuvre d’un Silbermann. Il devait être établi immédiatement après 1762, où fut terminé le clocher actuel. Dans les actes religieux apparaît en 1768-1770 un nommé Jean-Barthélémi Masse, organiste du lieu."... Cet "ancien instrument délabré et sans valeur" a été vendu aux concepteurs du futur orgue, pour une somme de trois cents francs.

L’orgue Dalstein-Haerpfer de 1878


Depuis quelques années déjà, l’abbé François Wagner, le dynamique curé de Niderviller de 1860 à 1880, pensait à l’acquisition d’un nouvel orgue et s’était d’ailleurs engagé, en son nom personnel, dans cette lourde entreprise. A cet effet, il avait commencé à constituer un trésor de guerre: en 1874, "quatre cents francs sont placés sur l’Etat pour le futur orgue"; et en 1877, la paroisse "a acheté vingt francs de rente et placé un capital de 551 francs, y compris les frais, destinés au payement d’un nouvel orgue".

C’est officiellement le 6 janvier 1878 que le Conseil de Fabrique de Niderviller délibère "au sujet de l’acquisition d’un nouveau jeu d’orgue". "Le curé a proposé (mot corrigé ; à l’origine, il fallait peut-être lire "imposé" - simple erreur d’écriture ou lapsus révélateur? A l’époque le secrétaire n’était autre que... le curé!) au Conseil qu’il y avait lieu de remplacer au plus tôt l’ancien jeu d’orgue par un nouveau; qu’à cet effet il avait obtenu des paroissiens une souscription pour une somme de cinq mille et quelques centaines de francs, payables en trois termes, à laquelle la fabrique serait à même d’ajouter une économie réalisée notamment sur des quêtes "ad hoc" faites par le Sieur Curé ", de plus de deux mille francs; en sorte qu’il ne resterait plus à la charge subséquente de la Fabrique pour acquitter un bel et bon instrument, que la somme de deux à trois mille francs que la fabrique prendrait à son compte, si elle n’aime mieux appeler à son secours la commune."

Lors de cette même séance, le Conseil de fabrique "autorise le Sieur Curé à traiter en son nom, c’est-à-dire au nom du Conseil de Fabrique, avec les Sieurs Haerpfer et Dalstein, facteurs d’orgues à Boulay, promettant de ratifier ce que M. le Curé, connu comme expert dans cette question, aura traité au mieux des intérêts de la Fabrique et des besoins du culte."

Une belle réussite


Le nouvel orgue est béni et inauguré en grande pompe, le 28 novembre 1878. Le Curé note: "La population qui a obtenu la permission d’interrompre pour toute la journée le travail manufacturier, grâce à des lettres de faire-part adressées aux maîtres et aux directeurs de la manufacture par moi, a assisté en grand nombre et a été unanimement à l’offrande dans tout l’appareil des solennités."

Les articles des journaux de l’époque sont très flatteurs. "L’Espérance" de Nancy, daté du 4 octobre, affirme que "cet instrument forme un harmonieux ensemble avec force et rondeur de sons". De son côté, "L’Express", journal allemand de la Lorraine, félicite Niderviller d’avoir le bonheur de disposer à présent "d’un orgue digne d’une cathédrale" !

Il est vrai que le jour de l’inauguration, "MM. Henri Hess, organiste de la Cathédrale de Nancy, et Auguste Rigaux, organiste de la paroisse St Sébastien de la même ville, invités comme experts, ont fait l’éloge de l’instrument et l’ont fait valoir d’une manière brillante". (voir le document de la page 20)... MM. Haerpfer et Dalstein construiront, trois ans plus tard, pour l’église St Sébastien de Nancy, un orgue majestueux, que les connaisseurs considèrent comme leur chef d’oeuvre, et dont celui de Niderviller est le petit frère, dans le même registre de perfection.

Des lendemains qui déchantent


Il se trouve que quelques sons discordants se sont glissés dans cette belle harmonie. Le montant des travaux, initialement fixé à 10300 francs, s’élève finalement à 13000 francs. En février 1879, il reste encore 4000 francs à payer. Le 20 avril de la même année, le Conseil de Fabrique demande à Mgr l’Evêque de l’autoriser à contracter un emprunt de 2400 francs.... En fin de compte, le solde correspondant au dépassement du devis est couvert par le curé lui-même. Un acte de générosité mal récompensé, si l’on en croit les doléances dudit curé: "J’ai été peiné par quelques avares ou rancuniers à l’égard du curé, qui sont hostiles à l’oeuvre de l’orgue comme à toute oeuvre chrétienne. Non seulement ils n’ont rien donné, mais ils ont influencé par tous les moyens les donnants."

Cela ne l’a pas empêché de réaliser son ambitieux projet. Et le curé de conclure avec philosophie: "Toutes les grandes oeuvres se font à la faveur des croix et des peines!"

La renaissance de l’orgue


Nous voici un siècle plus tard. Le temps a fait inexorablement son oeuvre. Malgré un lifting opéré en 1965 par Georges Koenig de Sarre-Union, il fallait songer à une restauration complète, donc coûteuse! Elle fut décidée en 1991. La commune prit à sa charge la maîtrise d’ouvrage, et constitua les dossiers de demande de subventions. Toutes les associations mirent la main à la pâte, pour jouer une partition à l’unisson, en organisant la grande kermesse des 22 et 23 juin 1991, qui connut un beau succès. Mgr l’Evêque vint en personne bénir la "Vierge des Faïenciers". Une assiette souvenir fut créée à cette occasion... Une deuxième kermesse se greffa là-dessus en 1993.

Le travail fut confié à M. Bruno Dillenseger, facteur d’orgues de Wingen-sur-Moder. Dans son plan de restauration, il note: "A part cinq registres, l’orgue de Niderviller est authentique. La facture de l’instrument de 1878 est d’une qualité exceptionnelle. Les travaux se résumeraient ainsi: retour à la composition d’origine en reconstituant à l’identique les jeux disparus ou transformés, et restauration scrupuleuse de l’instrument de 1878." Au cours de l’année 1996, il mena à bien ces travaux, avec beaucoup de minutie et de précision, ce dont nous lui savons gré.


Le coût total de l’opération s’élève à 579 355 F, dont 342 055 F à la charge de la paroisse. Grâce à la générosité habituelle des paroissiens, dimanche après dimanche, aux quêtes exceptionnelles, à l’apport substantiel des deux kermesses, et à l’investissement de la municipalité, les travaux de l’orgue sont complètement payés, en cette année 1997. A tous les acteurs de cette restauration, notre merci le plus chaleureux !

L’orgue restauré se compose de la manière suivante (avec la reprise presque complète de la terminologie allemande de 1878) :

I. Grand Orgue

1. Bourdon 16’
2. Principal 8’
3. Gedeckt 8’
4. Hohlflöte 8’
5. Viola di Gamba 8’
6. Octave 4’
7. Flöte 4’
8. Octave 2’
9. Mixtur
10. Cornett 8’
11. Trompete 8’ basse
Trompete 8’ dessus

II. Récit expressif

1. Geigenprinzipal 8’
2. Lieblich gedeckt 8’
3. Salicional 8’
4. Gemshorn 4’
5. Flauto Traverso 4’
6. Cor anglais 8’
7. Fagott Hautbois 8

III. Pédale

1. Violonbass 16’
2. Subbass 16’
3. Octavbass 8’
4. Fagott 16’


Un orgue est fait pour jouer: notre merci aux organistes du passé et à ceux d’aujourd’hui. Son but est également de soutenir le chant: notre reconnaissance aux chorales paroissiales d’hier et à celle de maintenant. Dans ces deux "registres", les nouvelles recrues seront toujours les bienvenues !


Vous êtes les orgues de Dieu


Je ne sais pas si vous vous doutez de la quantité et de la complexité des organes qui entrent dans la composition d’un orgue: tout un monde, enfoui au coeur d’une immense carcasse, qui ne laisse apparaître que son buffet, son habit de fête.

Vous avez, tout d’abord, l’énorme soufflet et les grands réservoirs d’air, frileusement repliés en accordéon et tout caparaçonnés de peau. Ensuite, les lourds sommiers en chêne massif, percés d’une multitude de petits trous sur lesquels viennent s’implanter les tuyaux. Puis les centaines de mètres de transmissions rigides, longues et fines vergettes de sapin avec leurs équerres, leurs renvois, leurs abrégés qui vont courir jusqu’aux soupapes pour commander chaque note. Enfin, les quelque 1100 tuyaux à mettre à leur juste place, à harmoniser et à accorder. Dernière étape, la console avec ses deux claviers et son pédalier constitue le centre de commande de l’ensemble.

 Tout un monde qui non seulement fait rêver de musique, mais qui m’inspire aussi une parabole: "En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : le Royaume des cieux est comparable à de grandes orgues... Je suis le Maître des orgues, dit Dieu. Sous mes doigts jaillit la Musique, l’oeuvre que mon coeur a composé dès l’origine et que je ne cesse de recréer à chaque instant, tout au long des siècles, tout au long de vos vies, la symphonie du monde nouveau."

 De ces orgues, chrétiens, nous sommes les tuyaux, chacun de nous pour sa part, et la communauté pour l’ensemble, dans sa richesse et sa diversité. Est-ce un hasard si l’orgue de Niderviller compte autant de tuyaux qu’il y a de paroissiens? Ils sont étonnants, ces tuyaux, par la diversité de leur aspect, leur taille, le timbre. L’un parle à travers une bouche en biseau, l’autre vibre sur la lamelle de cuivre d’une anche; l’un rugit, l’autre murmure; la flûte... enchante! N’est-ce pas l’image de la richesse de notre communauté dans sa diversité?

 Or que demande-t-on à un tuyau? D’abord qu’il accepte d’être lui-même. Ce qui fait la richesse d’un orgue, c’est la variété des coloris de sa palette sonore. Aucun tuyau ne peut se comparer à un autre et lui dire : "Je ne suis pas si beau, si gros, si agréable que toi." Aucun ne doit jalouser l’autre; chacun a comme mission de donner le timbre qui lui est particulier, de jouer avec son caractère propre.

 Ensuite, ce qu’on attend d’un tuyau, c’est de se tenir à sa place. En effet, c’est seulement quand il est à sa place qu’un tuyau est alimenté par l’air qui le fait jouer. Et à sa place, chacun est indispensable. On n’imagine pas un hautbois dire à un bourdon : "Pousse-toi de là, que je m’y mette!" Si le tuyau est à sa place, il est, par le fait même, raccordé au circuit qui lui procure le vent, qui est l’âme de toute musique.

 Il faut surtout que le tuyau s’ouvre à ce souffle. Dans l’orgue, sous chaque tuyau, une soupape commande l’ouverture ou la fermeture de l’arrivée d’air.

 Chaque note, aussi, répond à un appel, celui du maître, qui, par son jeu, et par des intermédiaires complexes, sollicite de ses doigts agiles l’intervention de telle ou telle note. Tantôt l’une est appelée à prendre le devant, à se mettre en valeur, comme pour un solo, où l’on peut apprécier sa qualité individuelle; tantôt l’autre doit humblement rentrer dans le rang pour se fondre, sans se faire remarquer, dans une harmonie d’ensemble, juste et puissante.

Il faut enfin que le tuyau soit accordé à une note fondamentale et à tout l’ensemble. Quel casse-tête pour que tous les tuyaux battent à la même vibration! Comme dans un orchestre ou une chorale avant un concert, on donne le LA, note fondamentale sur laquelle chaque instrument, chaque voix doit s’accorder. Ainsi pour l’orgue spirituel que nous formons. Pour chaque chrétien, le LA c’est l’Evangile, la Parole de Dieu, fondement sur lequel chacun doit accorder sa vie. Et si cet accord est juste, on peut être sûr qu’il y aura harmonie avec tous les autres membres de la communauté, quel que soit leur timbre ou leur sonorité.

Mais surtout il ne faudrait pas oublier le plus important, le vent, le souffle qui sans cesse alimente chacun et lui fait jouer la musique inscrite sur la partition de sa vie: l’Esprit Saint toujours à l’oeuvre et qui ne demande qu’à être accueilli et à faire vibrer ceux qui l’appellent et s’ouvrent à lui.

Gilbert Sprunck

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